commenter cet article …
Après des années d’investissement dans les techniques de jardinage respectueuses de l’environnement, je viens d’être récompensée par la Société d’Horticulture de France qui m’a décerné le prix de son concours « Jardiner Autrement ». Je suis donc très fière de faire partie des lauréats de l’édition 2016 et de vous annoncer que mon jardin de Clarisselles près de Beaumont-de-Lomagne dans le Tarn et Garonne sera ouvert au public pour les Rendez-vous aux jardins les 3 et 4 juin 2017 sur le thème « Le partage au jardin ».
Ce sera pour moi l’occasion de partager mes techniques de jardinage et mes astuces avec d’autres amoureux de nature. Créé à partir d’un simple champ, le jardin est riche aujourd’hui de quelques 500 variétés de plantes, principalement des vivaces. A la fois naturel et structuré, sauvage mais ordonné, simple mais parfois sophistiqué dans le choix des plantes (la simple fleur des champs y côtoie la plante rare), mon petit jardin peut intéresser aussi bien le jardinier débutant à la recherche de « tuyaux » (pas d’arrosage mais d’information !) que le collectionneur. Est-il possible de créer un jardin, certes modeste mais à partir de rien, sans aucun produit phytosanitaire, dans le respect de l’environnement et avec peu de moyens ? Rendez vous pour avoir la réponse les 3 et 4 juin prochains.
Si vous suivez mes aventures de jardinière à travers ce blog, vous savez alors que la culture des choux a jusque là été un échec. Il y a beaucoup de papillons dans le jardin ; parmi eux, les piérides du chou, ces jolis papillons blancs avec des points noirs prolifèrent. Or il n’est pas question de traiter quoi que ce soit dans le jardin. Alors…
je n’ai pas trouvé mieux que d’enfermer mes choux en cage. Seule solution pour empêcher les piérides de venir y pondre. Et ça marche ! Fini la corvée de ramassage des chenilles. De toute façon, pour l’avoir expérimenté, il est compliqué de surveiller ses choux au quotidien. Les piérides pondent au revers des feuilles et le torticolis est garanti. Il faut aussi la loupe car à l’éclosion des œufs, les chenilles sont minuscules. Quand on les voit il est déjà trop tard.
Ma cage à choux n’a pas empêché quelques papillons de passer quand même mais les dégâts sont minimes et nous pouvons enfin déguster des choux totalement bio. Un régal !
Juste à côté de ma cage, un chou « témoin » permet de voir à quoi ressemble un chou non protégé.
Il n’y a pas que les maladies qui peuvent poser problème dans un jardin. Toute la faune qui l’habite et le fait vivre doit bien se nourrir et c’est d’ailleurs parce que le jardin est riche de nourriture que cette faune se trouve là. Si le jardin était traité, il serait désert et ses légumes intacts, mais ne vaut-il pas mieux perdre quelques pommes et quelques tomates et avoir un jardin sain et naturel ? Les dégâts que causent les animaux et insectes, chenilles, frelons, lapins, oiseaux sont tout à fait tolérables. On peut favoriser telle espèce (par exemple les coccinelles) et tenter de limiter la prolifération des indésirables, faire preuve de ruse pour les persuader d’aller plutôt chez le voisin (LOL) mais le jardin naturel est tout un monde que nul ne peut espérer gérer et contrôler totalement. Alors le plus simple est de laisser faire, de compter sur les oiseaux pour manger les chenilles, de laisser les frelons faire le nettoyage des pommes laissées sur l’arbre, d’autoriser les lapins à manger les pissenlits (car ils ne mangent pas que les haricots !) et d’accepter de partager les cerises avec les oiseaux. Le jardinier malin trouvera toujours des astuces pour préserver sa part sans nuire à l’équilibre de son jardin et donc, sans utiliser de pesticides. Par exemple éviter de laisser les tomates toucher la terre et bien les tuteurer, tendre des ficelles autour des haricots pour dissuader les lapins, suspendre des leurres dans les cerisiers ou placer des filets à mailles rigides, utiliser des cloches, cages , voiles ou autres protections pour les jeunes semis et ramasser les fruits regulièrement dès qu'ils sont à maturité.
Dans toutes les formes d’expression celui qui crée exprime sa volonté, sa personnalité, son ressenti sans toutefois échapper aux tendances du moment. Aujourd’hui on parle d’écologie, d’environnement, de préservation de la flore et de la faune. Ce sont des valeurs essentielles trop longtemps bafouées dont on redécouvre un peu tard semble t-il qu’elles sont indispensables à notre bien-être et notre survie. Hier conçu comme un espace sous contrôle total, le jardin à la mode aujourd’hui laisse la part belle à la nature sauvage. On redécouvre les vertus des plantes mellifères et c’est tout juste si on ne vous vend pas des orties et des chardons en jardinerie. Le Buddleia est rebaptisé « arbre aux papillons » et l’on vante l’ortie comme le remède miracle à tous les maux du jardin.
« C’est une triste chose de penser que la nature parle et que le genre humain n’écoute pas » disait Victor Hugo.
Aujourd’hui, le genre humain commence à écouter. Mon jardin n’échappe pas à la tendance et la jardinière que je suis est convaincue depuis bien longtemps que laisser faire la Nature est bien moins fatigant et beaucoup plus gratifiant que de chercher à la contrôler. Mon jardin est donc un compromis entre ce que je veux et ce que la Nature sauvage veut. Comme un tableau composé où l’aléatoire a aussi sa part. Je connais un peintre qui, une fois sa toile terminée la laisse lécher par les vagues de la mer. Je fais un peu de même avec mon jardin. Une fois composé et planté des variétés que j’ai sélectionnées, je le livre à la volonté de la Nature. Les espèces sauvages s’approprient les espaces laissés libres, les fleurs se ressèment où bon leur semble, le chardon sauvage côtoie le Crinum aux fleurs sophistiquées et l’ortie s’entremêle aux fleurs de lis. Jardiner devient alors un simple contrôle. Il suffit juste de maintenir l’harmonie. Je ne trouve rien de plus beau que des fleurs très colorées d’Hemerocalles dans un écrin de fleurs des champs en liberté.
L’Hemerocalle est une plante de la famille des Liliaceaes originaire de Chine, de Corée et du Japon.
Sur la photo : Hemerocallis fulva ‘Flore Pleno’ au milieu d’un fouillis graminées, armoises, chardons, digitales, euphorbes, erigerons et geraniums vivaces.
La réussite d’un jardin naturel passe avant tout par la tolérance des adventices décoratives. J’exclus bien sûr les plantes telles que le chiendent qui sont des pestes sans aucun intérêt. Je tolère par contre le Bouton d’or, l’Alliaire, la Bugle rampante, la Cardamine, la Carotte sauvage, la Centaurée, le Chardon, le Coquelicot, l’Eupatoire chanvrine, l’Euphorbe des bois, la Ficaire, l’Herbe-à-Robert, le Grand Salsifis, la Marguerite et la Pâquerette, le Lierre terrestre, la Linaire, le Lotier, la Matricaire, la Mauve, le Millepertuis commun, la Molène, la Pervenche, la Piloselle et le Pissenlit, la Salicaire, etc. Certaines de ces plantes sauvages sont invasives dans mon jardin et je dois donc limiter leur prolifération par un désherbage manuel, sans pour autant les exclure totalement (de toute façon, pour certaines, je n’ai pas le choix, elles sont les plus fortes !!!). Il s’agit du Bouton d’or, du Chardon, du Liseron et de la Potentille. Cette année, le temps humide du printemps a favorisé la pousse de ces herbes folles et j’ai été un peu débordée. Une ombellifère sauvage, le Torilis japonica, a proliféré au milieu des Echinops, Eryngiums, Romneyas, Erigerons et Hemerocalles, donnant à l’ensemble un aspect léger et harmonieux. C’est le plus pur hasard et le résultat est superbe. La légèreté de ces ombelles blanches donne à l’ensemble un caractère champêtre et forme un arrière-plan idéal aux fleurs très colorées des Hemerocalles. Seule ombre au tableau : je vais devoir les arracher avant que la graine ne soit mûre. En effet, les ombelles du Torillis japonica sont composées de fruits, des diakènes couverts d’aiguillons qui s’accrochent aux vêtements et qui sont très difficiles à extraire. Je sens que les chaussettes vont gratter si je n’interviens pas à temps !!!
L'histoire vraie d'un canard poursuivant un héron.
A lire dans "Le coin des enfants" (voir menu) ou par le lien suivant:
Ci-dessous: un épi de millet fin février: il reste encore des graines qui seront appréciées des oiseaux en cette fin d'hiver.
Le début du mois de février a été rude et j’ai un peu aidé les oiseaux à la recherche de nourriture, ce que je ne fais pas habituellement par temps clément afin de ne pas les habituer à être assistés. Les seuls à s’approcher de la maison furent le rouge-gorge bien sûr, pas du tout farouche, quelques mésanges jeunes et adultes et des merles.
Aider les animaux sauvages par temps froid est normal mais le mieux, évidemment, est de prévoir leurs besoins dans le jardin. Les coins un peu sauvages et mal entretenus du jardin, les haies et les tas de bois sont les meilleurs refuges. Les graminées et les fruits sauvages qui persistent en hiver sont précieux pour les oiseaux. Parmi les plantes utiles, les graminées sont à privilégier. Le millet ornemental, planté en abondance au jardin pour ses qualités décoratives se révèle être également une bonne plante nourricière pour les oiseaux. Ses chaumes robustes ont bien résisté aux vents et au froid et ses épis sont encore riches en graines. J’ai décidé d’en semer davantage la saison prochaine, pour le plaisir des yeux et des oiseaux.
Ci-dessous: une touffe de Millet ornemental en été.
La naissance d’une rose par hybridation naturelle est une grande récompense pour un jardinier. Lorsque j’ai découvert cette rose en fleurs dans un recoin du jardin le 2 mai dernier, ma première réaction fut de chercher dans ma mémoire. Avais-je acheté une rose ou participé à un échange de boutures de roses l’année précédente ? J’étais presque certaine de n’avoir fait ni l’un ni l’autre. Je n’aurais de toute façon jamais planté un rosier à cet endroit là, déjà bien encombré, et trop proche d’un rosier ancien drageonnant, bien installé depuis des années. La mémoire peut jouer des tours, certes, mais, comme la plupart des jardiniers, je note tout et je suis donc arrivée à la presque certitude que cette rose s’était invitée toute seule.
La rose n’est peut être pas nouvelle et est peut-être déjà répertoriée. Un croisement inédit serait inespéré et je n’ose y croire. Il est vrai que le jardin compte plus d’une centaine de rosiers dont la plupart sont anciens et que mes plates-bandes sont plutôt négligées et toujours nettoyées à la main. Donc, on ne sait jamais ! J’ai interrogé un rosiériste, Pierre Orard, pour savoir s’il y avait moyen d’en avoir la certitude. La réponse très aimable qu’il m’a adressée est la suivante :
« La protection juridique des nouvelles variétés de roses est un domaine finalement assez complexe. Je vais essayer d'être aussi synthétique que possible : il existe deux voies de protection.
1 – La protection par marque commerciale
Vous déposez une marque commerciale auprès de l'INPI (Institut National de la Propriété Intellectuelle), par exemple ‘Clarisselle’. Vous pourrez protéger votre variété nouvelle dès lors que quelqu'un la commercialisera sous la marque ‘Clarisselle’ sans votre accord. Par contre, vous ne pourrez pas empêcher quelqu'un de commercialiser la variété sous une autre marque.
2 – La protection par certificat d'obtention végétale :
Ce titre de protection intellectuelle offre une protection plus complète que la simple marque commerciale. Vous protégez la variété en tant que telle et non pas simplement son nom de vente. Vous pouvez donc contrôler complètement la multiplication et la diffusion de la variété, quelle que soit la marque utilisée.
Obtenir un COV est un peu plus compliqué car il faut soumettre la variété à des tests réalisés en Allemagne, tests qui prouvent que la variété est nouvelle et originale.
Vous aurez toutes les informations nécessaires sur le site de l'UPOV (Union pour la Protection des Obtentions Végétales) ».
Tout cela est un peu compliqué et, comme je ne recherche aucun intérêt commercial, j’ai décidé de baptiser ma rose ‘Clarisselle’, du nom de mon jardin. Le mystère demeure !
Les jardins et les jardiniers ont bien droit aux vacances. Je dirais même que c’est une nécessité. Je visitai l’an dernier à la même époque un joli jardin anglais de Dordogne dont la propriétaire était esclave. Elle m’avoua ne plus pouvoir quitter son jardin. Elle avait créé un jardin à l’anglaise mais n’avait jamais pu aller voir les jardins d’Angleterre. Elle me raconta sa frustration et je me dis que j’avais bien de la chance d’avoir un jardin qui se garde tout seul.
Après presque trois semaines de vacances, le jardin a certes besoin d’un gros nettoyage mais aucune victime n’est à déplorer. Les plantes sont allées au bout de leur cycle de croissance et ont formé leurs graines. Cela ne me gêne pas, bien au contraire. Je pourrai récolter les graines de mes annuelles pour l’an prochain. Certaines vivaces se ressèmeront toutes seules. Les animaux ont été bien tranquilles. Les lapins se sont occupés des haricots qui n’étaient pas ramassés. Les courgettes ont participé au concours de la plus obèse. Elles ne ressemblent plus guère à des courgettes d’ailleurs. On dirait plutôt des massues ! Les tomates coeur de boeuf ont bien atteint la taille et la couleur des coeurs auxquels elles doivent leur nom. Elles sont prêtes pour la ratatouille. D’énormes taupinières parsèment le gazon dans les endroits les plus humides du jardin. Je ne connais pas d’animal plus travailleur. Il ne prend jamais de vacances. Le carré de beau gazon devant la maison a été heureusement épargné. L’appareil à ultra sons que j’y ai installé se révèle vraiment efficace. J’apprends que pendant mon absence les températures ont parfois frôlé les 40°. L’herbe est jaune. Les pommiers ploient sous le poids des fruits qui sont déjà mûrs. Quelques mirabelles sont restées accrochées à leurs branches, suffisamment pour faire une tarte. Il y a au moins dix kilos d’aubergines à ramasser et beaucoup, beaucoup de mauvaise herbe à arracher ! Je m’y suis prise trop tard pour les chardons. Ils ont fait leur graine qui se sème maintenant aux quatre vents. Leur descendance est assurée pour des générations ! Vive la biodiversité !
Ci-dessous, pour mes petites filles: la ronde des courgettes