On nous le serine sans cesse dans les médias, il faut manger 5 fruits et légumes par jour pour être en bonne santé.
Oui, mais on est au mois de mars, il fait froid et le potager est plutôt vide. Je fais encore partie de ces courageuses qui sacrifient un peu de leur temps de vacances à faire des
conserves lorsque le potager regorge de légumes en été, mais c’est quand même limité. Je fais surtout des ratatouilles, des confitures, des fruits en compote et
je mets tout ce que je peux au congélateur : fruits rouges, courgettes, pois, haricots, herbes aromatiques...
En ce moment le potager me donne du persil, du chou, de la poirée, de l’ail vert, c’est tout ! Les potirons ramassés en octobre
se sont conservés et constituent la base de la soupe. Les noix, oignons et aulx se gardent tout l’hiver. Les pommes de terre et les haricots secs aussi. Les dernières pommes, un peu fripées, ont
tenu jusqu’en décembre.
C’est peu et en tout cas très insuffisant pour satisfaire les besoins et surtout les envies. Nos habitudes
alimentaires ont évolué et correspondent à ce que le marché propose. Je peux trouver en bas de chez moi à peu près tout ! L’envie de cerises ou de fraises en mars est facile à
satisfaire et il faut bien dire qu’ils sont tentants ces beaux fruits rouges même s’ils sont un peu plus chers. Les moyens de conservation actuels permettent tout, les moyens de
transport aussi. Je fais ici abstraction du goût ! Le fait de cultiver soi-même un potager a au moins l’avantage de refaire prendre conscience
qu’il y a une saison pour chaque légume et d’empêcher que l’on oublie leur vrai goût.
Cela rend aussi plus conscient, donc plus raisonnable. On en vient ainsi à se poser les bonnes questions et à être plus prudent.
Comment ce marchand de légumes a t-il fait pour avoir de si belles cerises à la vente en mars ?
Il faudrait être naïf ou se voiler la face pour ne pas croire que ces fruits
proposés en hiver sur le marché ont subi de nombreux traitements de conservation. Et même pendant la saison, ceux-ci sont
traités. J’ai appris récemment d’une productrice de fruits qu’elle a l’obligation de traiter les fruits qu’elle propose à la vente. Tout cela
est réglementé. Vendre des cerises non traitées, même en pleine saison, est interdit ! Quelle aberration ! Chercherait-on à nous
empoisonner ?
Je ne manquerai pas de regarder demain soir sur ARTE à 20.40 le
nouveau documentaire de Marie-Dominique Robin « Notre poison quotidien ».
Un texte de Claude Bourguignon,
ingénieur agronome, accompagne un message de Mme Robin qui circule sur le net. Il s’agit de la recette de la tarte aux cerises. De quoi ôter l’appétit !
"Recette de la tarte aux
cerises"
Voici, la liste des produits chimiques utilisés pour la fabrication d'une tarte aux cerises de supermarché, depuis le champ de blé jusqu'à l'usine agro-alimentaire. Bon appétit!
Histoire de la Pâte
Pour obtenir la farine, les grains de blé ont été enrobés d'un fongicide avant
semis.
Pendant sa culture, le blé a reçu de 2 à 6 traitements de pesticides selon les années, 1 traitement aux
hormones pour raccourcir les tiges afin d'éviter la verse et 1 dose importante d'engrais: 240 kg d'azote, 100 kg de phosphore et 100
kg de potassium à l'hectare, tout de même !
Le blé moissonné, dans le silo, après récolte, les grains sont fumigés au tétrachlorure de carbone et
au bisulfide de carbone, puis arrosés au chlopyriphosméthyl.
Pour la mouture,
La farine reçoit du chlorure de nitrosyl, puis de
l'acide ascorbique,
de la farine de fève, du gluten et de l'amylase.
Ensuite, il faut faire lever la pâte. La poudre levante est traitée au silicate de calcium et l'amidon est blanchi au permanganate de potassium.
Pas de pâte sans corps gras. Ceux-ci reçoivent un antioxydant (pour éviter le rancissement)
comme l'hydroxytoluène de butyl et un émulsifiant type lécithine.
Histoire de la Crème
La crème sur laquelle vont reposer les cerises se fait avec des oeufs, du lait, et même de
l'huile.
* Les oeufs proviennent d'un élevage
industriel où les poules sont nourries avec des granulés contenant des :
- antioxydants (E300 à E311),
- arômes,
- émulsifiants: alginate de calcium,
- conservateurs : acide formique,
- colorants : capsanthéine,
- agents liants: lignosulfate
- et enfin des appétants : glutamate de sodium, pour
qu'elles puissent avaler tout ça.
Elles reçoivent aussi des antibiotiques, bien entendu, et surtout
des anticoccidiens. Les oeufs, avant séchage, reçoivent des émulsifiants, des agents actifs de surface
comme l'acide cholique et une enzyme pour retirer le sucre du blanc.
* Le lait provient
d'un élevage industriel où les vaches reçoivent une alimentation riche en produits chimiques :
- antibiotiques : flavophospholipol (F712) ou
monensin-sodium (F714)
- antioxydants : ascorbate de sodium (F301), alphatocophérol de synthèse (F307), buthyl-hydrox-toluène (F321) ou
éthoxyquine (E324),
- émulsifiants : alginate de propylène-glycol (F405) ou polyéthylène glycol
(F496),
- conservateurs : acide acétique, acide tartrique (E334), acide propionique (F280) et ses dérivés (F281 à
E284),
- composés azotés chimiques : urée (F801) ou diurédo-isobutane (F803),
- agents liants : stéarate de sodium,
- colorants : F131 ou F142
- et enfin des appétants pour que les vaches puissent manger tout ça, comme le glutamate de sodium.
* Les huiles, quant à elles, ont été :
- extraites par des solvants comme l'acétone,
- puis raffinées par action de l'acide sulfurique,
- puis lavage à chaud,
- neutralisées à la lessive de soude,
- décolorées au bioxyde de chlore ou au bichromate de potassium
- et désodorisées à 160°C avec du chlorure de zinc.
- Enfin, elles ont été recolorées à la curcumine.
La crème de la tarte, une fois fabriquée, reçoit des arômes et
des stabilisants comme l'acide alginique
(E400).
Histoire des Cerises
(complété d'après des éléments de "Aromathérapie" Jean Valnet 1990, Maloine)
Les cerisiers ont reçu pendant la saison entre 10 et 40 traitements de pesticides selon les années.
* Les cerises sont :
- Décolorées à l'anhydride sulfureux
- et recolorées de façon uniforme à l'acide carminique ou à l'érythrosine.
- Elles sont plongées dans une saumure contenant du sulfate d'aluminium
- et à la sortie, reçoivent un conservateur comme le
sorbate de potassium (E202).
Elles sont enfin enduites d'un sucre qui provient de betteraves qui, comme les blés, ont reçu
leur bonne dose d'engrais et de
pesticides. Ce sucre est extrait par :
- défécation à la chaux et à l'anhydride
sulfureux,
- puis décoloré au sulfoxylate de sodium,
- puis raffiné au norite et à l'alcool isopropylique.
- Il est enfin azuré au bleu anthraquinonique.
Par ces traitements, les cerises ayant donc perdu tout leur goût, il est nécessaire d'ajouter
un parfum artificiel alimentaire. Ce parfum est une recréation synthétique du goût et de l'odeur à partir d'éléments
artificiels issus de la chimie du pétrole aux prix de revient extrêmement faibles- par économie d'échelle - en
comparaison du parfum naturel de fruit.
L'exemple développé est ici la cerise, mais de tels composés servent à recréer aussi bien des parfums
artificiels de fraise, d'ananas, de framboise, de miel, de caramel, de muguet.. etc.
* Le parfum artificiel de cerise se compose donc des molécules synthétiques (donc à la stéréochimie inversée)
suivantes :
- Acétate d'éthyle
- Acéthyl méthylcarbinol.
- Butyrate d'isoamyle
- Caproate d'éthyle
- Caprylate d'isoamyle
- Caprate d'ethyle
- Butyrate de terpenyle
- Géraniol
- Butyrate de geranyl - acetylacetate d'ethyle
- Héptanoate d'éthyle
- Aldéhyde benzoïque
- Aldéhyde p-toluique
- Vanilline
- Essence artificielle d'amande amère SAP
- Essence artificielle de girofle Bourbon
- Essence artificielle de cannelle Ceylan
- Essence de lie de vin.
Ci-dessous, pour redonner de l'appétit: l'assiette du potager bio, sans traitements, sans
pesticides et avec du goût!